William K. Vanderbilt est le petit fils de Cornelius Vanderbilt, dit « Le Commodore » et le fils de William Vanderbilt, héritier d’une des plus riches familles au monde durant le XIXe siècle et le début du XXe siècle.
Cornelius Vanderbilt (1794-1877), modeste capitaine de bateau, amasse une fortune grâce à l’exploitation des voies maritimes et au développement des chemins de fer. Travailleur acharné, puritain convaincu, Cornelius conservera un mode de vie austère malgré sa fortune. Il est le père de 13 enfants. William Vanderbilt (1821-1885) est le seul héritier de la fortune de son père, ses douze frères et soeurs ayant été déshérités. Désigné nouveau patriarche de la famille Vanderbilt, il va faire fructifier la fortune, jusqu’à devenir l’homme le plus riche au monde (194 millions de dollars de l’époque). Il a 8 enfants dont Willian K., son deuxième fils. William K. Vanderbilt (1849-1920) hérite de 55 millions de dollars à la mort de son père. En 1899, à la mort de son frère ainé, il devient le nouveau patriarche.
William K. fait partie d’une nouvelle génération d’hommes riches. Contrairement à son grand père et à son père, il n’a pas connu la misère. Il a fait ses études en Suisse et il est moins marqué par les préceptes puritains de ses ancêtres. Les Vanderbilt souhaitent alors se mêler à la haute société et William K. fait bâtir de magnifiques manoirs : Marble House à Newport, le «Petit Château» sur la 5ème avenue à New York et Idle House à Long Island. Le château Vanderbilt de Carrières-sous-Poissy appartient à une collection de bâtiments exceptionnels qui prend racine aux Etats-Unis. En 1875, William K. épouse Alva Eskrine Smith, héritière d’une respectable famille de planteurs du Sud, avec qui il a deux enfants.
En 1903, William K. divorce et se remarie avec Anna Hariman, deux fois veuve déjà, mère de quatre enfants. Il démissionne de la direction de l’entreprise de chemins de fer familiale. Il abandonne la charge de patriarche et part avec sa nouvelle famille pour l’Europe. William K. veut changer de vie. Fondateur du Jockey Club aux Etats-Unis, propriétaire d’une écurie et d’un champ de courses à New York pour ses loisirs, il devient éleveur de chevaux de course en France. De 1901 à 1919, il gagne des courses prestigieuses dont 4 Prix du Jockey Club et 2 Grand Prix de Paris.
William K. s’installe à Paris puis fait construire le Haras du Quesnay à Deauville. Il choisit finalement de s’installer à Carrières-sous-Poissy. Il existe déjà un hippodrome qu’il peut développer et Carrières se trouve sur la ligne de chemin de fer qui va de Paris à Deauville. En 1906, William K. achète le terrain à Monsieur Edmond Blanc. En 1907, le château est construit. Mais, le 29 juillet 1908 est marqué par la mort, dans un accident de voiture sur la route de Triel, de Georges Winthrop Sands, son beau-fils. Celui-ci avait parié avec des amis qu’il arriverait à Carrières avant le train. En 1918, William K. revend la propriété à Abraham Kingsley Macomber. En 1920, William K. meurt à Paris. Mais il est enterré dans le caveau familial du cimetière de Staten Island, New York, dans un mausolée, réplique d’une église romane d’Arles.
En 1906, William K. Vanderbilt achète le domaine et souhaite pouvoir s’y installer le plus rapidement possible.
Il fait venir des Etats-Unis une maison en kit. Celle-ci est composée d’éléments en fer dont l’isolation intérieure est assurée par une garniture de liège. William K. veut presser la construction de son château. Une immense charpente est installée sous laquelle les ouvriers peuvent s’atteler à la construction nuit et jour et par tous les temps. Un million de francs est investi dans le parc. Des arbres déjà adultes y sont plantés.
Construit par l’architecte Henry Guillaume, le château est un pavillon trapu de type manoir qui imite le style Louis XIII. Le château correspond au goût de l’époque : une architecture de style rustique qui rappelle la mode des cottages anglais. C’est un pied-à-terre intime et luxueux. Légèrement surélevé pour permettre de voir les chevaux courir sur l’hippodrome, le château contient un grand hall de 96 m2. A l’étage, les chambres sont toutes équipées d’une salle de bain avec WC, installation extrêmement moderne pour l’époque.
Il était composé de trois pistes concentriques dont les niveaux respectifs s’élevaient du centre vers la périphérie. La piste de 2400 mètres était en gazon, celles de 1800 mètres et de 1400 mètres étaient en sable. Une tribune dominait le tout. 50 garçons d’écurie étaient nécessaires pour assurer l’entretien des chevaux.
Le domaine comportait aussi une centrale électrique, deux châteaux d’eau (un à la limite de Triel, l’autre juste derrière le puits artésien), une volière, des communs, des stalles, des serres chaudes, un potager, le parc paysager. Le domaine faisait travailler 120 personnes (à l’époque Carrières ne comptait que 1000 habitants). Une passerelle métallique pour rejoindre directement la gare de Villennes-sur-Seine était en projet mais William K. n’obtint jamais l’autorisation de la construire.
William K. faisait travailler une grande partie de la population carriéroise. Les femmes de chambre étaient payées 6 sous de l’heure et les ouvriers 11 sous. Des salaires confortables pour l’époque. Durant la guerre, tous les employés mobilisés continuèrent de toucher leur salaire. William K. offrait chaque année les Prix d’excellence aux écoliers de Carrières ainsi qu’un magnifique arbre de Noël. Il soutenait financièrement la commune.
– 1885 –
Le domaine est acheté par Edmond Blanc qui créé le premier hippodrome à Carrières-sous-Poissy. Le domaine reste modeste.
– 1906 –
William Kissam Vanderbilt achète la propriété.
– 1907 –
Le château est bâti et l’hippodrome développé. Le domaine devient un haras de premier plan et fonctionne pleinement jusqu’à la guerre de 1914.
– 1918 –
William K. revend ses deux propriétés hippiques (Carrières et le Haras du Quesnay de Deauville) à Abraham Kingsley Macomber, businessman américain, aventurier, philanthrope et éleveur de chevaux. Le château continue d'être appelé Vanderbilt. A. Kingsley Macomber fait construire une aile supplémentaire qui abrite ses trophées de chasse. Il y expose des fauves empaillés qu’il a lui-même chassé, parfois en compagnie de l’écrivain et aventurier Ernest Hemingway. Le domaine hippique continue de fonctionner. Une infirmerie pour chevaux est ajoutée.
– 1930 –
Avec la crise de 1929, A. Kingsley Macomber doit abandonner l’exploitation de l’hippodrome. Il fait raser une partie des
installations et transforme le domaine en aérodrome. Les pistes de courses deviennent des pistes d’atterrissage.
– 1955 –
Après la guerre et avec la disparition de A. Kingsley Macomber, le domaine périclite. Les pistes sont transformées en champs dédiés à la culture maraichère.
– 1978 –
Le domaine est revendu à la SCI du Domaine de Saint-Louis, filiale de la holding Sablières Modernes, afin d’en faire exploiter le sous-sol. Le château sert de bureau au siège de l’entreprise. La décoration intérieure d’origine disparait sous les aménagements permettant un usage plus fonctionnel.
– 1999 –
Le siège social de GSM déménage. Le château est laissé à l’abandon.
– 2009 –
Une convention de droit d’usage non onéreux est passée avec GSM qui permet à la ville de Carrières d’intervenir sur le site. Les abords du château sont sécurisés. Le parc est restauré par le Service municipal des espaces verts. Il est ouvert au public. Des manifestations culturelles y sont organisées.
– 2011 –
Le pavillon de gardien est restauré grâce aux soutiens de la Région Île-de-France, du Conseil Général des Yvelines, du FEDER (Fonds européen de Développement Régional), et de la CA2RS (Communauté d’Agglomération 2 Rives de Seine). Il devient un espace d’exposition.
– 2012 –
La vocation culturelle de ce lieu commençant à se dessiner, une procédure de donation par mécénat est initiée par GSM en faveur de la CA2RS (Communauté d’Agglomération 2 Rives de Seine). En septembre 2012, la Communauté d’Agglomération devient propriétaire du château.
– et après –
En lien avec l’EPAMSA (Etablissement Public d’Aménagement du Mantois Seine-Aval) et la CA2RS (Communauté d’Agglomération 2 Rives de Seine), le projet d’un espace culturel multifonction tourné vers les arts numériques a été confié à l’association Usines Ephémères. « La Fabrique numérique » s’installe au château Vanderbilt. Ce projet ambitieux inscrit le château Vanderbilt dans le projet de Centralité pour Carrières-sous-Poissy. Il a pour vocation de devenir un espace de création artistique mais aussi un espace de convivialité pour la population. Le bâtiment accueillera entre autres : des espaces multimédias, des ateliers d’artistes, un studio de danse / théâtre et un bar-restaurant.