Des privilèges à la solidarité
Depuis le Moyen-Âge, l’ensemble des terres, vignes et bois allant de Carrières à Denouval étaient appelés « les champs fleuris ». C’est la déformation de ce nom qui a donné « Champfleury », lors de la constitution du domaine en 1630.
La maison bourgeoise de la famille Coudray Roland Coudray (env.1580 - 1650), riche marchand tanneur à Paris et à Poissy, achète des terres afin d’agrandir les possessions familiales. Son fils, Jean Coudray augmente le domaine entre 1649 et 1665. Il fait construire le long mur du clos en 1650. Le 6 octobre 1679, son troisième enfant Nicolas Coudray « le Jeune », hérite du domaine de Champfleury qui comprend la grande maison, des dépendances, terrasses et jardins ainsi qu’un important domaine cultivable de vignes, de prairies et de champs qui produisent des revenus agricoles.
Nicolas Coudray est conseiller du Roi. Correcteur honoraire à la Cour des Comptes (sous Louis XIV et Louis XV), il vit de sa charge et ne fait plus de commerce. Il se fait appeler « Sieur de Champfleury ». Mais, c’est par le mariage de sa fille, Elisabeth Coudray, que la famille obtient des titres de noblesse : le 7 mai 1720, elle épouse Messire Louis Cuvier, Chevalier Seigneur de Bussières. Veuve en 1733, elle épouse, en 1740, Messire François Guillaume Rihouey, Seigneur des Noyers.
Le château et ses nobles propriétaires
Le 17 décembre 1750, le domaine est vendu à Dame Françoise Mélanie de la Fare, fille du Marquis de la Fare, Maréchal de France, qui s’installe au château en 1751 après le décès de son mari, le Marquis de Pont-Chavigny. La Marquise est très généreuse envers la paroisse : elle finance l’agrandissement du porche de l’église, la restauration de la tribune et de l’escalier et donne des objets liturgiques précieux. Elle épouse, en 1780, le Seigneur Groult des Rivières, Colonel d’infanterie. Lorsqu’elle décède à Champfleury, le 9 avril 1782, à l’âge de 66 ans en la paroisse de Saint-Roch à Paris le domaine revient à son mari. Elle est enterrée sous le coeur de l’église Saint-Joseph, sa grande plaque funéraire de marbre noir orne encore la nef.
En 1788, le domaine est acheté par Antoinette Charlotte Turgot de Saint-Clair, veuve du Comte de Boisgelin. Elle se retire à Lantheuil (Calavados) vers 1818. Son testament, dit de bienfaisance, disperse le domaine. En 1827, son cousin Félix Turgot de Saint-Clair hérite de ce qu’il reste de Champfleury. Peu intéressé, il le vend pour 96 000 francs au Sieur Verdun, qui le démembre encore et cède le château dès 1830 à l’intendant militaire Avenel de Lavigne.
Le château est embelli par le propriétaire suivant, Charles Xavier Thomas de Colmar. Il le laisse à son fils Louis Thomas Duc de Bojano dont la femme, Dona Livia Carafa, est la fille d’un Grand d’Espagne. La Duchesse décède en 1901. Sa fille Frasquita de Bojano et son époux le Comte Arnold Auguste de Ronseray vont occuper le domaine jusqu’en 1920.
Un domaine tourné vers la solidarité
En 1922, les terres et bâtiments sont vendus à une oeuvre de charité américaine liée à l’Eglise Méthodiste Episcopale. Le 22 juin 1923, « l’Ecole Foyer de Champfleury » est inaugurée par M. Myron T. Herrick, Ambassadeur des Etats-Unis. L’institution accueille des orphelines de la guerre 1914-1918 venant des USA, de France, d’Angleterre, d’Italie, d’Autriche…
- 1933 : un séminaire de Frères Franciscains s’installe au château. On y forme les futurs religieux dont certains sont devenus des missionnaires.
- 1956 : le Département de Seine-et-Oise le transforme en foyer de jeunes travailleurs.
- 1985 : l’association historique « Sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence des Yvelines » y installe le Centre d’Hébergement et d’Accueil Temporaire (C.H.A.T.).
- 2006 : l’association fête ses 130 ans et depuis 2009 « La Sauvegarde de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte en Yvelines » continue à accueillir des familles en difficulté, en leur proposant un programme de réinsertion, les services d’une cantine et d’une crèche.